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Rendez-vous en juillet pour le cannabis récréatif

Dans deux mois, la ministre de la Santé présentera le fruit des travaux des groupes interministériels sur la légalisation de la vente et de la consommation de cannabis au Luxembourg. Le CSV reste fermement opposé à cette dépénalisation.

La ministre de la Justice a évoqué la mise en place d'un "projet-pilote temporaire" dans un premier temps.
La ministre de la Justice a évoqué la mise en place d'un "projet-pilote temporaire" dans un premier temps. © PHOTO: Shutterstock

(pj avec Annette Welsch) - Crise covid depuis plus d'un an, changement à la tête des ministères de la Justice et de la Santé auparavant : le dossier du cannabis récréatif avait été quelque peu mis de côté ces derniers mois. Mais l'autorisation de consommation faisant partie des promesses du programme gouvernemental 2018-2023, le sujet a refait surface à la Chambre cette semaine. Et cela suite à une interpellation du parti d'opposition chrétien-social.

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Et même avec le temps, le CSV (désormais dirigé par Claude Wiseler) n'a pas changé de position sur cette fin d'interdiction. En faisant d'ailleurs un marqueur politique distinctif. Aussi, à l'occasion d'un débat en séance publique, le sujet a été rediscuté. «Depuis l'annonce de la légalisation, le seuil d'inhibition chez les jeunes a diminué. La situation est actuellement insatisfaisante», constate le principal parti d'opposition. Ainsi, 15% des adolescents du pays auraient consommé du cannabis dans l'année. Une situation dénoncée également par l'ADR.

Claude Wiseler est revenu sur l'argumentaire avancé par le gouvernement pour justifier cette légalisation. D'abord, contrôler le marché et donc éviter les trafics. Ensuite, contrôler la qualité du produit vendu (en particulier une teneur en THC pas trop élevée qui pourrait alors être garantie). Sauf que d'après le député, «cela n'a pas été réalisé dans d'autres pays qui ont légalisé. Au Canada, 60 à 80% des ventes se font encore sur le marché noir parce que c'est plus rapide, toujours et à un prix différent de celui des magasins.» D'ailleurs, note l'opposition, pour faire baisser les prix et rester compétitif la qualité du cannabis vendu s'est même dégradée.

Attention aux ados

Enfin, «sur le plan pédagogique», le CSV estime que le discours des autorités relèvera du non-sens : «Il sera très difficile de dire que la consommation de cannabis est légale et, en même temps, de dire ''Pour l'amour de Dieu, ne le prenez pas, car cela vous fait du mal''. Les jeunes ne comprendront pas que cela leur est interdit».

C'est la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), qui est la première montée au feu. Réfutant une partie des dires du CSV. «La prévalence parmi les enfants et les adolescents aux États-Unis n'a pas augmenté, mais a diminué pendant un certain temps après la légalisation. Cela peut s'expliquer par les efforts pour l'empêcher. Au Canada, les statistiques montrent que les ventes illicites ont diminué et que les ventes légales dominent désormais. Il y a également eu une baisse significative de la consommation chez les 16 à 19 ans.»

Parlons-en ouvertement, éduquons et contrôlons.»

Carole Hartmann, députée DP

Sam Tanson (Déi Gréng), en tant que ministre de la Justice, a bataillé pour faire comprendre à la Chambre que la légalisation n'allait pas ouvrir les portes au «tourisme de la drogue». Cela même s'il sera délicat de suivre une règle qui voudrait que seule une certaine quantité de cannabis puisse être vendue et uniquement aux nationaux dont les revendeurs doivent vérifier l'identité et conserver les données.

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De son côté, pour le parti libéral, Carole Hartmann (DP) a soutenu l'argument classique selon lequel la lutte contre la drogue ne peut être gagnée par des moyens répressifs . Selon elle, «nous protégeons mieux les gens lorsque nous légalisons. Parlons-en ouvertement, éduquons et contrôlons.»

Un cadre, c'est aussi ce que demandent les socialistes, par la voix de Cécile Hemmen (LSAP) quand la cheffe de fraction Déi Gréng, Josée Lorsché, estime qu'il faut coupler la légalisation du cannabis avec la «promotion d'un comportement sain et une alimentation saine dès le plus jeune âge» mais aussi «lutter contre les causes des malaises qui conduisent à fuir vers les drogues».

Côté Déi Lénk, Nathalie Oberweis veut aussi parier sur cette prévention. Et de demander aussi à ce que les députés discutent aussi de l'autorisation à donner à tous pour la culture du chanvre destiné à une consommation personnelle. Idée reprise par Sven Clement (Pirate).

La ministre de la Santé a promis que le débat allait maintenant avancer de façon plus significative. En juillet prochain, un point sera ainsi fait sur ce dossier et notamment les conclusions des sept groupes de travail interministériels traitant actuellement des nombreuses interrogations en suspens. Sachant qu'aussi bien pour ne pas se fâcher avec ses voisins, moins ouverts à l'idée d'une dépénalisation, ou assurer la réussite de sa démarche, le gouvernement avancera plutôt prudemment. Certainement via un «projet-pilote temporaire de légalisation», comme évoqué par la ministre de la Justice.

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